- Info
Altérités et mondialisation
- Projet 1 : Mobilités, frontières et co-développement en Méditerranée
- Projet 2 : Inégalités, mobilités et discriminations dans le cadre scolaire
- Projet 3 : Usages scientifiques, sociaux et politiques de la race
- Projet 4 : Corps, santé, altérité
- Projet 5 : Découvertes et appropriations créatives des altérités culturelles
- Projet 6 : Les discours du voyage
- Projet 7 : Altérités, identités, politisation
Responsables
- Christian Rinaudo, URMIS, rinaudo@unice.fr
Comité de pilotage
Résumé
Cet axe interdisciplinaire s’inscrit dans le cadre des activités de l’axe 3 de la MSHS (L’Europe et ses « Autres »). Il vise à rendre compte des modalités de production, de gestion et d’expression des altérités dans le cadre des processus de mondialisation. Il interroge la relation historique entre, d’un côté, des processus socioculturels qui tendent à rendre les distances inopérantes, qui contribuent à l’internationalisation en temps réel des marchés financiers, à l’émergence d’une gouvernementalité mondiale et à des formes de contestation transnationales, et, de l’autre, la persistance voire le redéploiement de clôtures symboliques et physiques, et la montée de violences commises à l’occasion de ce qui est présenté et parfois même théorisé comme des « chocs de cultures ».
Thèmes principaux
- L’éducation
- La santé
- Les mobilités internationales
- Les représentations sociales productrices d’altérité
- Les usages sociaux, politiques et scientifiques des catégories de « race » et d’« ethnicité »
- La gestion politique de l’altérité
Laboratoires impliqués
- Bases, Corpus, Langage (BCL)
- Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (CMMC)
- Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des arts vivants (CTEL)
- Centre de Recherche en Histoire des Idées (CRHI)
- Équipe de recherche sur les mutations de l’Europe et de ses sociétés (ERMES)
- I3M
- Laboratoire Motricité Humaine, Education, Sport, Santé (LAMHESS)
- Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cognitives et Sociales (LAPCOS)
- LIRCES
- Unité de recherches Migrations et société (URMIS)
Projets ou chantiers spécifiques en cours
- Projet 1 : Mobilités, frontières et co-développement en Méditerranée
- Projet 2 : Inégalités, mobilités et discriminations dans le cadre scolaire
- Projet 3 : Usages scientifiques, sociaux et politiques de la race
- Projet 4 : Corps, santé, altérité
- Projet 5 : Découvertes et appropriations créatives des altérités culturelles
- Projet 6 : Les discours du voyage
- Projet 7 : Altérités, identités, politisation
Projet 1 : Mobilités, frontières et co-développement en Méditerranée
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
- Université de Sousse : programme IRD-DeRCIT, Développement Régional et Coopération Internationale en Tunisie
- Université Cadi Ayyad de Marrakech, Maroc. Accord cadre entre les universités pour favoriser les échanges sur les questions de migrations et dynamiques sociales et spatiales
- Aix-Marseille Université LabexMed programme TRAMED sur les questions du travail dans l’espace Méditerranée.
- Université de Poitiers programme CIrculations, MObilités et espace RElationnel des Migrants en Méditerranée ; ACI CIMORE
- Université de Tunis (Institut supérieur des études appliquées en humanités)
- Université de Palerme. Programme de recherche international italien FIRB 2012 (Futuro In Ricerca) portant sur : Frontiere marittime nel Mediterraneo : quale permeabilità? Scambi, controllo, respingimenti (XVI-XXI secolo) (dir. Valentina Favarò).
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 8
Objectifs
Espace médian, la Méditerranée est perçue tantôt comme un carrefour de circulation des biens, des idées et des personnes, tantôt comme un espace de frontière séparant des civilisations qui, par delà les contacts, restent très contrastées. Aux phénomènes de métissages, de médiations et de mobilités licites ou clandestines s’opposent des rivalités politiques et religieuses fondatrices de représentations de l’Autre. C’est à l’ensemble de ces relations que ce projet s’intéressera. La Méditerranée n’y sera pas seulement perçue comme une frontière séparant une rive nord d’une rive sud mais comme un système social, politique, religieux et culturel complexe, composé de rivages, d’îles et de nations, qui s’est construit dans le temps long et se réinterroge au quotidien dans de multiples espaces.
On s’intéressera tant aux activités des institutions qu’à celles des individus ou des acteurs intermédiaires dans les situations de collaborations mais aussi lorsque s’expriment des processus d’altérisation. La notion de développement sera questionnée dans une conjoncture où les crises économiques des pays d’Europe et les « révolutions arabes » ré-agencent une partie des échanges et rappellent que les pratiques transnationales sont toujours susceptibles d’évoluer.
Ces objectifs généraux se traduiront par la mise en place de plusieurs actions :
- Organisation d’un séminaire interne sur la notion de développement dans le cadre des rapports Nord-Sud
- Organisation d’une journée d’étude sur la coopération internationale en Tunisie
- Mise en place d’un Institut d’anthropologie à l’Université de Sousse (Tunisie)
- Soumission d’un projet ANR sur La variabilité des formes migratoires et de mise au travail dans l’espace méditerranéen (2015)
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
- Contrat Emploi Jeunes Doctorants PACA 2014-2017 (Giulia Breda) : « Interroger le développement par la migration temporaire dans l’agriculture : le cas des Maghrébins en région PACA »
- Contrat doctoral 2013 (Aurore Mottet) : « Franchir le seuil : les réfugiés entre réinstallation en Europe et installation dans la marge (Maroc, Tunisie)
- Ce projet a bénéficié d'un financement CSI en 2016.
Manifestations scientifiques
Séminaire annuel 2015-16
- Février 2015 : Giulia Breda, doctorante en sociologie à l’URMIS, Les notions de développement et co-développement liées aux migrations en Méditerranée.
- 13 novembre à 14h : Melissa Blanchard, post-doctorante, IDEMEC, MMSH Aix-en-Provence, Les migrations de retours en Italie et le développement local, discutante : Francesca Sirna.
- 29 janvier 2016 à 14h : Perrine Dumas, maîtresse de conférences en droit public, université de Corse, UMR LISA, La composante « mobilité » dans la politique européenne de voisinage.
17-19 novembre 2016 Colloque "Mobilités, surveillance, assistance en Méditerranée occidentale (XVIe-XXIe siècles)"
Dans le cadre des activités de la MSHS-SE (axe 3 L’Europe et ses Autres) et de l’axe interdisciplinaire Altérités et mondialisation de l’UNS, les laboratoires URMIS – CMMC – ERMES lancent un appel à communication pour le colloque "Mobilités, surveillance, assistance en Méditerranée occidentale (XVIe-XXIe siècles)", organisé à l’université Nice Sophia Antipolis, et à la MSHS, du 17 au 19 novembre 2016.
Présentation :
Le contrôle du territoire et des hommes qui y circulent constitue la réalité très actuelle des rivages de la Méditerranée occidentale. Depuis longtemps, ces espaces cosmopolites et très attractifs (commerce, tourisme, industrie…) sont caractérisés par le contact constant entre altérités qui favorisent aussi bien les attractions et les circulations de populations que les redéfinitions et les crispations identitaires. L’heure de la globalisation n’empêche pas certains espaces d’afficher aujourd’hui avec force, parfois avec violence, leur particularité, où la religion et les pouvoirs politiques constituent un puissant instrument de définition et d’encadrement des sociétés, un marqueur incontournable des identités.
Appel à communication :
Le contrôle du territoire et des hommes qui y circulent constitue la réalité très actuelle des rivages de la Méditerranée occidentale. Depuis longtemps, ces espaces cosmopolites et très attractifs (commerce, tourisme, industrie…) sont caractérisés par le contact constant entre altérités qui favorisent aussi bien les attractions et les circulations de populations que les redéfinitions et les crispations identitaires. L’heure de la globalisation n’empêche pas certains espaces d’afficher aujourd’hui avec force, parfois avec violence, leur particularité, où la religion et les pouvoirs politiques constituent un puissant instrument de définition et d’encadrement des sociétés, un marqueur incontournable des identités. Parmi ces espaces où resurgissent les antagonismes sans empêcher les échanges et les mobilités humaines, les rivages de la Méditerranée occidentale offrent un cadre pertinent d’étude des sociétés littorales dans le temps long, des mobilités et des différentes formes d’acceptation, d’assistance, d’encadrement ou de refus de ces mobilités, considérées par les autorités et les individus comme une source à la fois de richesses et de dangers (identitaires, économiques, sociaux…).
L’approche interdisciplinaire (Histoire, Sociologie, Science politique, Droit, Anthropologie…) développée lors du colloque se décline en trois axes :
1. Mobilités et solidarités socio-économiques.
Ce premier axe privilégiera l’étude des réseaux migrants officiels ou informels, le fonctionnement de ces réseaux et les solidarités socio-économiques qui encadrent les migrations temporaires ou durables dans le pays de départ comme dans celui d’arrivée. On abordera la migration comme une forme d’investissement dont on attend un retour dans la société d’origine. Cette perspective considèrera aussi bien les logiques à l’œuvre au niveau des individus (familles, communautés, etc.) qu’au niveau des Etats (Accords migratoires, partenariats pour la mobilité, etc.). Au-delà, la participation des migrants à la vie socio-économique de la rive sud sera interrogée, notamment dans le cadre d’une réflexion sur la notion de développement telle qu’appliquée aux mobilités.
2. Mobilités et solidarités religieuses.
Un deuxième volet ciblera les formes d’assistance visant à encadrer les circulations humaines et les sociétés littorales. Seront analysées les solidarités religieuses des migrants (pastorale des migrants), ainsi que toutes celles qui relèvent des organisations urbaines et qui visent à encadrer et assister les pauvres et nouveaux-venus (confréries, réseaux d’assistance aux pauvres et marginaux, associations d’aide aux défavorisés, aux étrangers en situation régulière ou irrégulière, assistance aux nouvelles générations…). Les mobilités de populations et l’importance des flux migratoires soulèvent en autres des questions de santé publique dans les espaces urbains de la Méditerranée, auxquels on répond par l’établissement de cordons sanitaires, de soins aux malades et de protections contre les éventuelles menaces épidémiques (lazarets, politiques de vaccinations…).
3. Mobilités et contrôle institutionnel.
Un dernier axe s’attachera à cerner les formes d’encadrement des mobilités humaines et des sociétés littorales. À l’époque moderne, cet encadrement est essentiellement religieux (clergé, Saint-Office), visant à éduquer, discipliner les comportements et à empêcher toutes formes de déviances religieuses (hérésies, apostasies…). Par la suite, les autorités laïques s’investissent à leur tour dans le contrôle social par l’imposition d’autorisations de circulation et de résidence (papiers d’identité) et par une police toujours plus efficace à partir du XVIIIe siècle qui contribue à définir ceux qui relèvent de la société et ceux qui lui sont étrangers. Cette surveillance policière apparaît de nos jours encore accrue le long des rivages occidentaux, où s’intensifient les présences policières et militaires et où se constituent des camps où sont parqués les migrants.
Les communications pourront porter sur un seul des axes proposés ou bien croiser les différentes problématiques.
Modalités de soumission
Les propositions de communication sont à envoyer à colloque-mobmed@unice.fr avant le 1er mai 2016.
Les décisions d’acceptation seront communiquées aux intervenants au cours du mois de juin 2016.
Les textes complets des interventions seront à envoyer au plus tard le 30 septembre 2016.
Certains textes seront sélectionnés en vue d’une publication.
Les intervenants pourront bénéficier d’une prise en charge de leurs frais d’hébergement, le déplacement restant à la charge de leur institution d’appartenance.
Comité Scientifique
- Anne Brogini, CMMC
- Maria Ghazali, CMMC
- Swanie Potot, URMIS
- Francesca Sirna, URMIS
- Marc Ortolani, ERMES
- Christine Pina, ERMES
Projet 2 : Inégalités, mobilités et discriminations dans le cadre scolaire
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
- ESPE de Nice
- Observatoire international de la violence à l'école
- Réseau de recherche international sur Education et Diversité (RIED)
- GIS CAPEF (Centre d'Analyse des Processus en Education et Formation)
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 10
Objectifs
Ce projet propose d’aborder la problématique des inégalités, des discriminations et des mobilités dans le cadre scolaire, aussi bien en France qu’à l’étranger. Cette problématique touche des phénomènes transversaux qui recoupent différentes recherches menées au sein des équipes impliquées. Elle donnera lieu à des questionnements interdisciplinaires axés autour de trois thématiques :
- les inégalités d’éducation selon l’« origine migratoire » : elles concernent aussi bien l’analyse des politiques publiques scolaires, que celle des pratiques pédagogiques, des fonctionnements des établissements scolaires ou encore de la question du « vivre ensemble » ou de la mixité (sociale, sexuelle, ethnique).
- Les discriminations et l’ethnicisation des interactions, relations et rapports sociaux : il s’agit ici de porter une attention spécifique aux formes de résistance quotidienne des populations scolarisées en situation minoritaire, aux processus discriminatoires à l’œuvre au sein de l’institution éducative et aux stratégies des élèves confrontés à ces processus.
- Les mobilités des jeunes scolaires : tout en s’interrogeant sur les mécanismes d’internationalisation de l’enseignement supérieur, cette thématique permet de mieux appréhender les logiques migratoires, les projets de vie, les expériences de mobilité des élèves, mais aussi leurs imaginaires et les représentations de leur expérience migratoire.
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
- Financement Université Paris Lumières : Programme MIGRITI (Subjectivités et rapports aux institutions de socialisation dans l’immigration et l’itinérance : la participation socio-scolaire des enfants
- Financement d’une recherche portant sur l’éducation à la citoyenneté par le CNESCO (Centre national d’évaluation du système scolaire), associant l’Université de Nice, de Cergy-Pontoise et le CNESCO
Manifestations scientifiques
Bilan des actions mises en œuvre (manifestations scientifiques, collaborations de recherche...) :
- Co-organisation et participation aux Premières Rencontres du Réseau de recherche international sur Education et Diversité, Marseille, ESPE, 20-22 octobre 2014
- Premières Rencontres du Réseau de recherche international sur Education et Diversité (RIED), Diversité / Education et formation : Enjeux, pratiques et perspectives dans différents pays, 20-22 octobre 2014, Marseille
- Organisation de Journées d’étude URMIS « Inégalités, discriminations, mobilités dans le cadre scolaire », les 17 et 18 décembre 2014 à la MSHS Sud-Est (UNS)
- Participation Colloque du Réseau de recherche international sur Education et Diversité (RIED), L’école : de la violence aux valeurs ? Retour sur les attentats de janvier 2015 en France, les 28 et 29 mai 2015
- Organisation d’une Discussion autour de la laïcité et mise en perspective avec des problématiques éducatives : Première édition, le 19 mars 2015 en présence de J. Tolan (Historien, Université de Nantes) « Juifs, chrétiens, musulmans : 15 siècles de cohabitation en Europe. Enseigner la diversité religieuse dans nos écoles »
Projets en cours ou futurs :
- Publication d’un dossier thématique issu des Journées d’études « Inégalités, discriminations, mobilités dans le cadre scolaire » (URMIS Nice, 17-18 décembre 2014) dans la Revue International Journal of Violence and School/Journal Interantional de la Violence à l’Ecole. Ce dossier regroupe les communications concernant les « inégalités » et les « discriminations »
- Ecriture et publication prévues d’un ouvrage collectif sur « Les inégalités, les ségrégations et discriminations ethnoraciales à l’école », issu des Journée d’études « Inégalités, discriminations, mobilités dans le cadre scolaire » (URMIS Nice, 17-18 décembre 2014)
- Ecriture et publication prévues d’un ouvrage collectif sur « Les mobilités des étudiants dans le monde » issu des Journée d’études « Inégalités, discriminations, mobilités dans le cadre scolaire » (URMIS Nice, 17-18 décembre 2014)
- Numéro de revue à paraître (« L’école et les valeurs. Charlie et après ») suite au Colloque du Réseau de recherche international sur Education et Diversité (RIED) sur le traitement scolaire des attentats de janvier 2015
- Deuxième Rencontre du RIED à Montréal, Vivre-ensemble et diversité ethnoculturelle, religieuse et linguistique : défis et prospectives en formation du personnel des milieux éducatifs au Québec, en France, en Suisse et en Belgique, Montréal, 26-28 octobre 2016
- Organisation d’une Discussion autour de la laïcité et mise en perspective avec des problématiques éducatives : Deuxième édition, le 25 mars 2016 en présence de J. Baubérot (Historien, EPHE) « Quelle laïcité depuis les attentats de 2015 ? » et de A. Tosel (Philosophe, Université Nice Sophia Antipolis) « Laïcité et colonialité »
Projet 3 : Usages scientifiques, sociaux et politiques de la race
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
- TELEMMe (UMR 7303 – CNRS – Aix Marseille Université)
- Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (Aix Marseille Université) – Programme transversal « Récits de soi – Méditerranée, Afrique – Individus, communautés, circulations culturelles, XVIe-XXIe siècle »
- Université d’Addis-Abeba, Ethiopie, National Museums of Kenya, Nairobi, Mombasa
- Catholic University of Eastern Africa, Nairobi, Kenya
- Kenyatta University, Nairobi, Kenya
- NICH, National Institute of Culture and History, Belize
- CIESAS, Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología social, Mexique
- UQROO, Universidad de Quintana Roo, Mexique
- LIA CIRESC (Centre International de recherches sur les esclavages)
- UNESCO
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 11
Objectifs
Ce projet a pour objectif de développer une analyse des usages sociaux et politiques de la notion de « race » dans une perspective diachronique et comparative permettant de mettre en lumière à la fois les spécificités et les logiques sociales communes, mais aussi les dynamiques de circulation des acteurs, des objets et des idées entre les aires géographiques (Europe, Afrique, Amériques et Asie) et les temporalités considérées (du xvie au xxie siècle).
Le contexte de « retour de la race » qui marque l’actualité des sociétés occidentales conduit, en effet, à s’interroger sur les phénomènes de « biologisation » du social s’appuyant sur les progrès récents de la génétique qui apportent une nouvelle forme de légitimité scientifique aux interprétations fondées sur l’idée d’une transmission héréditaire non seulement des caractères physiques, mais aussi des capacités cognitives, voire des aptitudes culturelles et sociales des individus et des groupes partageant une « origine » commune. De telles interprétations, entre généalogie et génétique, conduisent à une reconfiguration des rapports à l’ancestralité, mais aussi à l’altérité dans un processus d’essentialisation des différences qui peut aussi bien conduire à soutenir des prétentions/légitimations à la domination sociale que des revendications émancipatrices. Notre approche consiste ainsi à questionner ces usages sociaux et politiques de la race en confrontant les débats contemporains aux usages plus anciens de la race et en comparant dans la longue durée les espaces territoriaux à l’échelle mondiale.
- Usages savants de la race et racialisation des catégories sociales : Les membres du projet se proposent de développer une approche réflexive de la notion de « race » telle qu’elle est élaborée dans le discours savant (scientifique, philosophique, théologique, juridique…) comme discours polémique et historicisé, en mettant l’accent sur les usages sociaux et politiques qui en sont faits. L’idée de race a, en effet, connu des évolutions de sens qui ne sont pas linéaires ou univoques, mais qui ont donné lieu à des interprétations divergentes selon les champs disciplinaires et selon les théoriciens et les institutions qui occupent ces champs, ce qui permet une multitude d’appropriations et d’instrumentalisations, à la croisée du biologique et du social/culturel/religieux. On s’interrogera en particulier sur les usages différenciés de la « race » dans les pratiques de catégorisation des individus et des groupes (enquêtes scientifiques, statistiques et administratives, statuts juridiques) en insistant sur la manière dont ont été prises en compte les apories des approches discriminantes face à l’unicité/infinie variété du genre humain à travers les figures du métis, du créole, de l’esclave et de l’affranchi, du sauvage, du païen, du monstre… et les alternatives théoriques à la racialisation des catégories sociales. Si ces usages discursifs ont durablement ordonné et profondément imprégné les sociétés plurielles, ils doivent être confrontés aux réalités évolutives du fonctionnement social. Les taxinomies raciales théoriquement les plus tranchées comportent toujours des porosités où se nichent des transfuges, des familles inclassables et des catégories intermédiaires. L’émergence ou la disparition de ces groupes entraînent parfois des recompositions des discours comme des catégorisations mais, en tout cas, ils sont des points privilégiés d’observation.
- La race : identité assignée, identité assumée, identité reniée : Les processus de racialisation apparaissent étroitement liés à l’émergence de sociétés coloniales et/ou de sociétés esclavagistes, même si le lien n’est pas systématique. Dans ces contextes très spécifiques, l’assignation d’identités raciale exprime les relations de domination entre colonisé et colonisateur, entre maître et esclave dans un rapport dialectique qui n’exclut pas les phénomènes de résistance et d’appropriation, de la même manière que la construction d’une identité raciale du colonisé ou de l’esclave participe également de celle du colonisateur ou du maître. La construction sociale des races peut ainsi être envisagée selon les approches développées par les Whiteness studies comme une co-construction, dans le face-à-face entre « blanc » et « non-blanc ». Un face à face qui connaît des moments forts de (re)configuration lors des premières confrontations à l’altérité (découverte du « Nouveau monde », premières fondations coloniales), mais aussi lorsque les rapports de domination sont remis en question (révoltes et soulèvements, abolitions de l’esclavage, indépendances) et peuvent conduire les groupes stigmatisés à revendiquer l’appartenance à la catégorie raciale qui leur a été assignée (« Blackness », « négritude »). Toutefois, ces confrontations ne se résument pas à une opposition binaire, notamment dans les espaces coloniaux où les phénomènes de métissage ont été anciens et massifs, où l’importation d’une main d’œuvre non autochtone, d’abord servile puis, après les abolitions, sous contrat (coolies) a posé à nouveaux frais la question de l’autochtonie des populations. Par ailleurs, une partie de l’enquête sera consacrée aux phénomènes de refus de l’assignation raciale en contexte non colonial (Afrique de l’Est).
- Sortir de la race : émancipation, réparation, dé-racialisation : La question des conséquences de l’esclavage reste d’actualité, que ce soit au travers de la mémoire, de la demande de réparations ou du maintien de formes de discrimination et d’inégalité socio-raciales. Dans les Amériques et la Caraïbe, où les abolitions sont anciennes, les mobilisations ethniques contemporaines (African-Americans, afrodescendants) s’ancrent dans la dénonciation d’une « citoyenneté de second rang » liée à l’héritage de l’esclavage. Au sud de la Méditerranée (Maghreb, Afrique de l’ouest), la frontière entre esclavage et non esclavage est perméable et l’esclavage reste inscrit dans les structures sociales. En Afrique de l’Est, l’esclavage a longtemps été passé sous silence et les descendants d’esclaves sont socialement et politiquement marginalisés. Il s’agit ici d’analyser les logiques de continuité/ discontinuité des configurations sociales liées à l’esclavage, en interrogeant à la fois la « sortie » de l’esclavage, les caractéristiques des régimes esclavagistes et les productions culturelles et politiques liées à l’esclavage. L’enjeu de l’accès à une pleine citoyenneté peut ainsi s’articuler à celui de la construction d’une identité nationale qui dépasse les clivages hérités de l’esclavage. Par ailleurs, il s’agit de questionner les catégories d’ « esclave » et de « descendant d’esclave » afin de mieux comprendre les logiques de différenciation (race, statut, couleur, apparence, appartenance, etc.) dans et après l’esclavage. Même dans les sociétés post-coloniales, mais non post-esclavagistes, une partie au moins des catégorisations raciales anciennes continuent, par des filiations historiques complexes, d’imprégner les représentations et les classifications sociales.
Dans cette perspective, le premier objectif est de mettre en commun des travaux généralement divisés par discipline, aire géographique et temporelle afin de favoriser une meilleure connaissance de nos questionnements, de nos méthodes, de nos sources, de nos résultats dans le cadre d’un workshop (première session prévue en janvier 2015). Du point de vue de la méthode, en articulant sources archivistiques (missionnaires, coloniales, locales) et informations orales (méthode de l’observation participante et recueil des discours contemporains sur les sites), l’approche interdisciplinaire sur la longue durée permet d’envisager la continuité des processus sociaux et des enjeux identitaires en cours.
Organisation d’activités scientifiques :
- Journée d’étude en partenariat avec Aix Marseille Université (MMSH et TELEMMe) sur « L’enquête généalogique et les reconfigurations identitaires : de la « pureté de sang » aux tests ADN » (2015-2016)
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
Ce projet a bénéficié d'un financement CSI en 2016.
Manifestations scientifiques
Bilan des activités (2015)
20 janvier 2015 : Réunion de mise en place du groupe de recherche et du séminaire.
27 février 2015 : Séminaire Usages identitaires de la race : Récit de vie et généalogie :
- Marie-Pierre Ballarin (URMIS) « Récit de vie et généalogie : les descendants d’esclaves à Rabaï (Kenya, XIXe-XXIe siècles) »
- Valérie Piétri (URMIS) « Récit de vie et généalogie : un parcours de recherche autour des pratiques socio-culturelles de la noblesse d’Ancien Régime »
17 avril 2015 : Séminaire Usages politiques de la race : Race et catégories administratives :
- Elisabeth Cunin (URMIS) : « Contrôler l'immigration des "étrangers noirs": négociations administratives dans le Mexique post-révolutionnaire ».
- Xavier Huetz de Lemps (CMMC) : « Les usages légaux et coutumiers des catégories ethno-raciales en situation coloniale. Le cas des Philippines au XIXe siècle ».
24 avril 2015 : séminaire URMIS :
- Claude Olivier Doron (Paris VII) : « Autour du texte "Un nouveau paradigme de la race ?" (La Vie des Idées, 31 mars 2014) ».
10 juin 2015 : Conférence en partenariat avec l’Axe 3 de la MSHS :
- Bertrand Jordan (Directeur de recherche émérite CNRS – Biologie moléculaire) : « Usages scientifiques de la race : Race et génétique ».
25 septembre 2015 : Séminaire :
- Héloïse Hermant (CMMC) : "Essentialisation de la noblesse, transmission de l'excellence et thaumaturgie royale : pour une histoire des usages politiques de la race".
20 novembre 2015 : Journée d’études Usages scientifiques de la race : Race et santé :
- Agnès LAINE (IMAF/URMIS, Paris Diderot) : « Le normal et le pathologique dans les débuts de la biologie moléculaire : le parangon hémoglobine ».
- Jean-Paul LALLEMAND-STEMPAK (CENA, EHESS) : « Les ghettos afro-américains, laboratoire de la médecine sociale ? »
- Sarah ABEL (Mondes Américains, EHESS) : « Les usages sociaux des tests ADN d’ancestralité au Brésil et aux Etats-Unis »
Projet 4 : Corps, santé, altérité
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
- CHU de Nice
- Associations VIH (Aides, Fight Aids Monaco)
- SANTESIH / Université Montpellier 1
- URMIS Paris / Université Paris Diderot Paris 7 (séminaire mensuel « Migrations, ethnicité, santé)
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 10
Objectifs
Il s’agit d’analyser la manière dont les divers acteurs au sein des institutions de soin participent à fabriquer l’altérité (i.e., de genre, d’origine, d’âge, de corps) (Cognet 2012 ; Cognet & Montgomery 2007 ; Fassin 2000, Fassin & Memmi 2004), en ciblant et en accompagnant des populations « vulnérables », « spécifiques » ou « à risque » (i.e., handicap, maternité, maladie, seniors), et en prenant en compte différents critères de classement social allant de la physionomie ou du statut socioéconomique aux stimuli sensoriels. Il est également question de comprendre la manière dont ces productions d’altérité impactent la vie sociale et la santé des individus.
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
- ANR – financement national d’un projet anthropologique sur le colostrum ?
- ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites) – financement national d’un projet sur le VIH
Manifestations scientifiques
- 14-16 janvier 2015 - Rencontres ANR Colostrum - Bilan de fin de projet
- 20 fevrier 2015 - Atelier autour du projet ANRS sur fatigue physique et VIH
- 26-27 avril 2016 : Workshop : Analyse Quantitative des données Colostrum - MSHS Salle 131
- avril-mai 2016 - Atelier autour du projet en construction sur maternité, corps et santé
Projet 5 : Découvertes et appropriations créatives des altérités culturelles
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
- Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social (CIESAS), Mexique
- Université de Carthagène, Colombie
- Laboratoire d'Ethnomusicologie et d'Organologie de l'Université de Montréal
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 11
Objectifs
Ce projet vise à rendre compte de la transnationalisation de pratiques et de styles culturels par lesquels de nouveaux modes d’expression des altérités se produisent et se diffusent. Que ce soit à partir de la découverte des altérités musicales (Charles-Dominique, 2014) et de leur mise sur un marché mondial, des représentations médiatiques des expressions culturelles de groupes minoritaires et de leur impact dans la construction des imaginaires nationaux (Gastaut et Gaertner, 2014), de l’implantation au Nord de pratiques traditionnelles du Sud (musiques, danses, chants, pratiques festives...) et de l’impact de ces appropriations créatives sur les pratiques sociales et artistiques dans les foyers d’origine, ou encore de la prise en compte de processus inverses par lesquels des artistes non occidentaux s’approprient des styles, des techniques et des imaginaires « d’ailleurs » pour nourrir leurs propres pratiques créatives (Andrieu, 2014), l’objectif est de considérer les apports des différentes disciplines (anthropologie, études littéraires, cinématographiques, ethnomusicologie, sociologie) et approches méthodologiques (études de corpus, démarches ethnographiques...) à partir desquelles cet objet est abordé dans les équipes de recherche impliquées.
La première action à mettre en œuvre sera d’organiser un workshop (fin 2014) permettant aux membres de ce projet de connaître leurs travaux respectifs et de définir les activités à venir.
A partir de là, le premier objectif consistera en la mise en place à partir de janvier 2015 d’un séminaire mensuel d’enseignement par la recherche réunissant les chercheurs, doctorants, post-doctorants, étudiants de master intéressés par le thème du projet et fonctionnant comme un lieu de réflexivité et de partage tant pratique que théorique, particulièrement propice au développement des projets collectifs (publications collectives, coordination de numéros de revues, réponses collectives à des appels à projets, organisation de colloques et de journées d’études, etc.).
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
- ANR Ecrans et Inégalités (ECRIN)
- Contrat doctoral 2014 de Arihana Villamil, URMIS, Ethnicité, marché et altérité. Etude de cas à partir de la musique de gaïta en Colombie, de 1950 à nos jours.
Manifestations scientifiques
La première étape a été de mettre en place depuis janvier 2015 un séminaire régulier d’enseignement par la recherche réunissant chercheurs, doctorants, post-doctorants, étudiants de master intéressés par le thème du projet et fonctionnant comme un lieu de réflexivité et de partage tant pratique que théorique, propice au développement de nouveaux projets collectifs (publications collectives, coordination de numéros de revues, réponses collectives à des appels à projets, organisation de colloques et de journées d’études, etc.).
Plusieurs séances ont déjà eu lieu, à chaque fois consacrées à des thèmes de recherche impliquant des pratiques de danse, de musique ou concernant le cinéma:
Mercredi 14 janvier 2015: Arnaud Halloy (LAPCOS) et Federica Fratagnoli (CTEL)
Comment travailler l’articulation entre esthétique et politique ?
Vendredi 20 février 2015: Sara Andrieu (CTEL) et Christian Rinaudo (URMIS)
Processus d’appropriations culturelles à partir de deux terrains: danse contemporaine entre le Burkina Faso et la France; musique et danse traditionnelle entre le Mexique et les Etats-Unis.
Vendredi 29 mai 2015: Meriem Alaoui (LIRCES) et Elisa Lhartolat (CTEL)
“L’enjeu de l’authenticité : ‘Jouer avec la tradition dans un contexte performatif”
Jeudi 17 décembre 2015: Marie Lienard-Yeterian (LIRCES) et Jean-Philippe Blanchard (URMIS)
“Approches croisées du cinéma: sociologie et cultural studies”
Vendredi 26 février 2016: Daniela Guzman (CTEL) et Arhiana Villamil (URMIS)
"Appropriations de pratiques culturelles "traditionnelles" en Amérique latine de 1950 à nous jours : entre discours institutionnels et mouvements de dissidence. Études des cas de la Gaïta en Colombie et de la Cueca urbana au Chili”.
Projet 6 : Les discours du voyage
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
CRLV (Centre de Recherche sur la Littérature de Voyages. Paris IV, Clermont-Ferrand)
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 7
Objectifs
Ce projet vise à établir une synergie entre les chercheurs de l’Université intéressés par les écrits autour du voyage ; la rencontre avec l’Autre et sa représentation, qu’elle passe par le verbal ou le non verbal, pourront croiser des perspectives d’approche variées, historique, ethnographique, sociologique, littéraire, linguistique, sémiologique.
Un premier colloque, Figures du voyage, s’est tenu les 11-12 juin 2015, organisé par Véronique Magri et Odile Gannier, avec la participation des deux centres de recherches (BCL et CTEL) . Au travers de l’écriture du voyage et des figures du discours, l’enjeu du colloque est d’étudier comment l’expérience du monde découvert se construit. L’interdisciplinarité anime déjà cette manifestation scientifique qui réunit des chercheurs littéraires et des linguistes. La publication en est prévue en 2016 aux éditions Viatica (Minard).
Une rencontre pluridisciplinaire s’est tenue le 26 novembre 2015 à la MSH de Clermont-Ferrand sur le thème « Voyages en révolution » en préfiguration d’un programme de recherches européen.
Un projet de publication concerne Un Dictionnaire du Voyage qui recensera les termes susceptibles de définir les discours du voyage et de les caractériser. Le dialogue des disciplines sera privilégié puisque les rubriques pourront appartenir à des domaines divers de manière à couvrir un vaste champ de recherche et à fournir un outil de travail aux chercheurs qui s’intéressent à cette thématique, sur le plan national et international. Le Centre de Recherche sur la Littérature des Voyages (CRLV) réunit à l’heure actuelle plus de 1000 chercheurs déjà.
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
Financements externes pour le colloque :
- Comité du doyen Lépine (subvention obtenue)
- Subvention IUF (subvention obtenue)
Manifestations scientifiques
Un deuxième colloque, dans les mêmes conditions que celui de 2015, est prévu à l’automne 2016, les 17 et 18 novembre, organisé par Odile Gannier (CTEL) et Véronique Magri-Mourgues (BCL), avec le soutien de l’IUF (par Michèle Biraud, assesseur recherche à l’UFR LASH).
Projet 7 : Altérités, identités, politisation
Porteurs de projet
Laboratoires et/ou équipes UNS concernés
Partenaires
- Université La Sapienza
- Université de Bologne
- Université de Raboud, Nijmegen (Pays-Bas)
Personnes réellement impliquées (effectif global + détail nom, statut, laboratoire) : 9
Objectifs
Le contexte de mondialisation avive les questionnements liés aux identités et, indissociablement, à l’appréhension de l’altérité. Ce constat général étend sa portée au champ politique et le présent projet vise à rendre compte des dynamiques qui en sont les manifestations empiriquement observables. A l’intersection de la science politique et de la sociologie, mais sans exclure de possibles élargissements disciplinaires ultérieurs, ce projet vise à rendre compte des modalités pratiques de la problématisation et de la gestion politiques de l’altérité.
Il entend le faire en les investiguant à des échelles variées, partant de terrains bien délimités et d’accès facilité, y compris pour les jeunes chercheurs, comme le sud-est de la France, pour aller vers une perspective internationale élargie dans le cadre de projets comparatifs européens embrassant des niveaux d’analyse territorialement plus ambitieux.
Ce projet est décliné en 2 parties :
- Altérités et identités partisanes : Observatoire socio-politique du Sud de la France
Cet axe s’intéresse d’une part aux déclinaisons électorales de l’altérité politique et sociale – thématiques de campagne, poids des partis d’extrême-droite, composition sociologique des assemblées élues... La cristallisation du vote FN notamment dans le grand pourtour méditerranéen offre un champ de recherche particulièrement fécond à cette déclinaison locale des problématiques de l’identité et de l’altérité politisées. D’autre part, le projet fera le lien entre ces mobilisations électorales et les mobilisations sociales autour de questions d’altérité, qu’elles soient structurées par des rapports sociaux de classe, de sexe, de race ou d’âge – en étudiant notamment les « porte-parole », les entrepreneurs de mobilisation, la construction des identités subjectives par les mobilisations, etc.
Le projet tire profit des travaux précédemment menés par une équipe du laboratoire ERMES sur les élections en région PACA, depuis 2010, et pourra prolonger les partenariats ainsi noués, tant avec d’autres Université avec des institutions locales. Pour l’année 2014-15, des séances de séminaire organisées conjointement par l’ERMES et l’URMIS ont pour but d’entamer le croisement des regards disciplinaires et thématiques propre à ce projet, afin d’aboutir à des protocoles de recherche et d’analyse communs.
A l’occasion des élections régionales de 2015, un travail a été réalisé par Christine Pina et Gilles Ivaldi sur les enseignements du scrutin en région PACA, pour la Revue politique et parlementaire. Cette collaboration devrait se poursuivre pour un article à soumettre dans la revue Pôle Sud.
Pour l'année 2015-2016, l'équipe des politistes de l'ERMES, en partenariat avec des collègues de l'Université d'Avignon et des pays du Vaucluse, a mené une opération de recueil de données sur un bureau de vote de Nice (bureau 506) lors du 1er tour des élections régionales (6 décembre 2015). Le matériau récolté est composé des réponses des électeurs volontaires à un "questionnaire sortie des urnes", des notes d'observations sur la journée de vote et des listes d'émargement recueillies pour ce bureau. L'opération a mobilisé cinq enseignantes-chercheures de l'ERMES et tous les étudiants du département (de la L3 au M2).
Par ailleurs, les sujets de mémoires (M1 et M2 recherche) et de diagnostics soumis aux étudiants en 2015-2016 ont porté sur les élections et la réforme régionales. Une partie des travaux réalisés par les étudiants et les enseignantes-chercheures donnera lieu à restitution lors d'une journée d'étude organisée en juin 2016
- Politisation des identités et de l’altérité
Cet axe propose d’interroger les processus de politisation des identités et de l’altérité, non seulement au niveau local et national, mais également en proposant des travaux qui prennent l’Europe comme terrain d’investigation et d’interrogation. Le projet souhaite tout d’abord interroger la manière dont les acteurs et institutions intervenant dans la sphère publique (partis politiques, syndicats, élus, Églises ou religion…) mais également les groupes sociaux participent à la construction de l’altérité (religieuse, politique, nationale, ethnique, culturelle, etc.) comme « problème » et ainsi font des identités et de l’altérité des enjeux et/ou des ressources de mobilisations et de participation politiques, en France et en Europe. Ensuite, en mobilisant cette fois-ci l’entrée socio-historique, il s’agira d’envisager comment cette politisation a pu être activée à des moments différents de la construction des territoires politiques. Les recherches sur les partis de droite populiste qui activent l’identité nationale en l’opposant aux sources d’altérité principalement identifiées dans l’immigration, les partis nationalistes régionaux qui promeuvent l’identité régionale en présentant leur Etat-nation de tutelle comme une source d’altérité illustreront partie de ces préoccupations. Les recherches en cours interrogent en particulier l’impact de ce type d’acteurs sur les systèmes partisans dans lesquels ils s’insèrent : impact politique sur l’espace du débat public et influence directe sur l’orientation des politiques d’immigration et d’intégration tant nationales qu’européennes.
Dans le cadre de cette collaboration renforcée entres les équipes d’ERMES et de l’URMIS, une conférence a été organisée le 13 juin 2014 autour des résultats élections européennes des 22-25 mai 2014. Ces élections ont représenté un moment décisif pour une Union européenne en crise, traversée par une vague de scepticisme, sur fond d’insatisfaction face aux politiques d’austérité et sous la menace croissante de mouvements eurosceptiques et populistes. A l’occasion de cette conférence, Christine Pina, Natalia Timus[1] et Gilles Ivaldi ont analysé les résultats et principaux enseignements du scrutin en France et dans les autres Etats membres de l’UE, au regard de la participation, des nouveaux rapports de forces européens et de la réalité hétérogène du phénomène populiste pan-européen et de l’impact des formations radicales sur les nouveaux équilibres politiques au sein de l’UE.
[1] Researcher at Maastricht Graduate School of Governance, Maastricht University, Adjunct Professor, Sciences Po. Paris, Campus Menton.
Une collaboration étroite s’est établie également entre Gilles Ivaldi (URMIS) et Maria Elisabetta Lanzone, Ph.D., Université de Pavia (Italie) et Chercheur Associé au Laboratoire ERMES, autour des partis populistes en Europe. Ce travail conjoint a d’ores-et-déjà donné lieu à plusieurs travaux :
- Ivaldi, Gilles, Lanzone, Maria Elisabetta and Sozzi, Fabio (2016) “Eurosceptic Parties and the EU: MEPs’ attitudes in the roll-call votes. A cross-country analysis (Italy, France and UK)”, Paper delivered to the Political Studies Association (PSA) Conference, 21-23 March, Hilton Brighton Metropole, Brighton
- Ivaldi, Gilles, Lanzone, Maria Elisabetta (2016) « De l’usage politique du peuple ‘Padano’ : la construction d’identité dans le cas de la Ligue du Nord, communication au colloque « Le peuple : théories, discours et représentations », Maison de la Recherche, Aix-en-Provence, 10-12 mars
- Ivaldi, Gilles and Lanzone, Maria Elisabetta (2016) “From Jean-Marie to Marine Le Pen: organizational change and adaptation in the French Front National” in Reinhard Heinisch and Oscar Mazzoleni (eds) Understanding populist party organization: a comparative analysis, Palgrave, forthcoming
Depuis avril 2016, Gilles Ivaldi est coordinateur pour la France du programme de recherche international Open Reseach Area in the Social Sciences (ORA), Sub-national context and radical right support in Europe (SCoRE) / Contextes Infra-Nationaux et vote de droite radicale en Europe.
Co-financé par l’ANR (France), DFG (Allemagne), ESRC (Royaume-Uni) et NWO (Pays-Bas), pour une période de trois ans (2016-2018), le projet est porté en France par l’URMIS en partenariat avec l’Université de Mainz (Allemagne), l’Université de Leeds (UK) et l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas)
Equipe scientifique :
Arzheimer, Kai |
University of Mainz (JGU) |
Principal investigator |
arzheimer@politik.uni-mainz.de |
De Lange, Sarah |
University of Amsterdam |
|
s.l.delange@uva.nl |
Evans, Jocelyn |
University of Leeds |
Principal investigator |
j.a.j.evans@leeds.ac.uk |
Gould, Myles |
University of Leeds |
|
m.i.gould@leeds.ac.uk> |
Ivaldi, Gilles |
CNRS-University of Nice |
Principal investigator |
gilles.ivaldi@unice.fr |
Norman, Paul |
University of Leeds |
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p.d.norman@leeds.ac.uk |
Van der Brug, Wouter |
University of Amsterdam |
Principal investigator |
w.vanderbrug@uva.nl |
Van der Meer, Tom |
University of Amsterdam |
|
t.w.g.vandermeer@uva.nl |
La recherche comparative sur le vote en faveur des partis de droite radicale demeure centrée pour l’essentiel sur des indicateurs nationaux agrégés et sur l’analyse des motivations individuelles pour la construction de modèles explicatifs du soutien électoral à ce type d’acteurs partisans. Un petit nombre de travaux, basés sur des études de cas, utilise des modèles infra-nationaux pour s’intéresser aux variations observables à l’intérieur d’un même espace national, mais il n’existe à ce jour pratiquement aucune recherche comparée formalisant le rôle des contextes meso dans le soutien aux forces de droite radicale à travers l’espace européen. Ce projet comparatif propose une approche interdisciplinaire réunissant politologues, sociologues et géographes pour la construction d’un modèle analytique multi-niveaux dans quatre pays clés (France, Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni). Ces pays fournissent une diversité de contextes institutionnels, infrastructurels, socio-économiques et attitudinaux propres à éclairer l’analyse et l’explication du phénomène.
Ce projet de trois ans s’attachera dans une première phase à collecter l’ensemble des données secondaires, politiques et socio-économiques, disponibles auprès des organismes officiels pour construire une base de données longitudinale, comparative, élaborée à divers niveaux d’agrégation territoriale. En second lieu, le projet prendra appui sur ces données agrégées aux niveaux macro et meso pour la conduite d’une enquête par questionnaire standardisé auprès d’échantillons larges dans chacun des quatre pays, qui permettra le recueil et l’actualisation d’un ensemble d’indicateurs socio-démographiques, attitudinaux et comportementaux au niveau individuel. Enfin, ces deux bases de données seront combinées au sein d’un même modèle complet d’effets mixtes, qui permettra d’identifier les contributions respectives des données de contexte et des attributs individuels à l’explication du soutien aux partis de droite radicale en Europe. Les résultats permettront une compréhension, à un niveau de précision sans commune mesure avec les travaux existants, de ces déterminants, offrant une opportunité majeure d’avancer la connaissance du phénomène, tant d’un point de vue scientifique et théorique, qu’à destination des forces sociales, décideurs politiques et acteurs économiques au sein de l’espace public européen.
Financements externes (ANR, Région, Europe...)
Financement de la région PACA obtenu par ERMES, en partenariat avec l’Université d’Avignon, d’Aix-Marseille et l’IEP d’Aix (2010-14) : 50 000€
Financement ANR/ORA Projet SCoRE obtenu par l’URMIS : 354 994€ pour la période 2016-2018.